Nouveau modèle de colonisation intestinale in vivo à l’aide de larves de Zophobas morio

© Marco Finsterwald

Les larves de Zophobas morio présentent des caractéristiques susceptibles de justifier leur utilisation dans le développement de nouveaux modèles in vivo. Elles possèdent notamment un microbiote intestinal très diversifié et probablement dû aux aliments qu’elles consomment durant leur élevage.

Les larves de Zophobas morio, un insecte de la famille des Tenebrionidae, sont habituellement utilisées comme aliments pour animaux et pour la pêche de loisirs. Communément appelées vers de farine, elles possèdent en effet un exosquelette résistant, peuvent survivre jusqu’à six mois et se distinguent par un microbiote intestinal hautement diversifié qui imite le système digestif humain. Cette caractéristique les rend inestimables eu égard au développement de nouveaux modèles in vivo.

Les recherches poursuivies par Andrea Endimiani visent à réduire le nombre d’expériences menées sur les souris. Ses dernières études ont mis en évidence que ces larves peuvent héberger des bactéries à Gram négatif antibiorésistantes rares, ou précédemment non identifiées, qui sont souvent associées à des maladies complexes et à de nouveaux gènes de résistance aux antimicrobiens.

Une de leurs particularités pour le moins inhabituelle est qu’elles sont capables de consommer un large éventail d’aliments, y compris des matières plastiques (polystyrène) – ce qui témoigne de leur adaptabilité et suggère de potentielles implications environnementales. Après avoir été nourries avec des aliments contaminés pendant une semaine, les larves ont été colonisées par Escherichia coli, une bactérie à Gram négatif antibiorésistante qui est responsable de nombreuses infections chez les humains comme chez les animaux et contamine aussi l’environnement. Fait surprenant : après suppression des aliments contaminés, les larves ont maintenu cette colonisation intestinale et seul un traitement oral à base de bactériophages (virus qui ciblent et éliminent les bactéries) a permis de les décoloniser.

De nombreux scientifiques explorent désormais cette nouvelle piste et les diverses stratégies de décolonisation qui pourraient être testées avec ce modèle – dans l’espoir qu’il permette de réduire considérablement le nombre de souris utilisées à des fins expérimentales.